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NOVEMBRE

L’insouciante magie noire
PAR Midi Olympique

Le 13 Novembre 2017

À la recherche d'un équilibre entre la liberté originelle de ce club atypique et la performance sportive, la jeunesse a répondu sur le terrain.


Des jeunes rappeurs toulousains, bigflo et Oli, derrière le comptoir, les Maoris All Blacks montant au balcon pour effectuer le Haka, la soirée bordelaise des Barbarians a été aussi surréaliste que la rencontre disputée quelques heures plus tôt sur la pelouse de Chaban-Delmas. les jeunes héros du jour, cravates encore presque toutes autour du cou, ont prolongé encore pendant quelques heures la magie des Barbarians, celle qui permet de créer un collectif, une envie commune, en seulement quelques jours. Les conditions climatiques ont certes freiné la jeune garde tricolore à donner plus d’ampleur au jeu, marque de fabrique des Barbarians, chercheurs d’espaces et de libertés depuis leur création. « On s’est battu avec nos armes en nous adaptant aux conditions, reconnaissait Franck Azéma, guide comblé après le coup de sifflet final. Avec des portés, du jeu au pied, et de la défense pour mettre les Maoris sous pression. J’ai envie de retenir la construction de notre semaine, à la fois en dehors et sur le terrain. Nous n’avons galvaudé ni l’une ni l’autre. Nous avons été capables de passer des bons moments ensemble le soir en mangeant un morceau et en buvant un verre tout en étant présents sur le terrain le matin en étant très à l’écoute et concentrés sur ce que l’on faisait. On a retrouvé ce mélange sur le terrain. Avec l’envie et du plaisir, c’est facile. » Passer sous pavillon fédéral n’est donc pas venu brouiller l’âme d’un club atypique comme certains pouvaient le redouter, arguant que rien ne serait plus comme avant si le Barbarian Rugby Club devenait l’antichambre officielle du XV de France. « Nous ne sommes ni France A, ni France B » avait pourtant clamé Denis Charvet pendant la préparation sur le bassin d’Arcachon. Il en était encore plus convaincu après cette victoire : « C’est à chaque fois un émerveillement car rien n’est impossible. C’est une question d’hommes. Si on le décide ensemble, si on le construit ensemble, si on le veut ensemble tout est possible. Les joueurs sont responsables et ils doivent rester libres. Il n’y a pas d’interdit chez nous, c’est une aventure. Cette liberté, tu la prends ou tu ne la prends pas. Mais c’est un vrai bonheur, car on sort des codes du rugby professionnel où l’on t’impose des choses. Nous, on n’impose rien et c’est ça qui est magique. Ça marche toujours, le plaisir partagé. L’alchimie se crée en quatre jours car je pense que le joueur d’aujourd’hui et le même que celui d’avant. Quand il n’y a pas d’interdits, les jeunes se révèlent, ils se subliment, et ils retrouvent l’enfant qui est en eux. »


UN ACCORD GAGNANT-GAGNANT


La seule chose qui a changé entre cette victoire face aux Maoris et celle un an plus tôt acquise face à l’Australie sur cette même pelouse de Chaban-Delmas, c’est la visite du président de la Fédération Bernard Laporte venu féliciter Aurélien Rougerie et ses coéquipiers dans les vestiaires, tout heureux de commencer ce premier week-end international du mois de novembre par un triomphe autant sportif que financier, puisqu’ils étaient encore plus de 30 000 à être venus soutenir cette équipe bénévole et des joueurs venus sur leurs jours de vacances, soit une recette de 500 000 euros, ce qui peut laisser penser que ce rapprochement est un accord gagnant-gagnant, capable d’assurer la survie d’une telle équipe à l’heure d’un professionnalisme omnipotent et des cadences toujours plus infernales. Thomas Lombard ne pouvait que s’en féliciter : « Chaban-Delmas nous porte chance, avec un public formidable qui a poussé les joueurs. La fédération a la validation du choix qu’elle a fait en venant nous épauler. On leur donne satisfaction. Nous avons aussi décidé de lancer plus de jeunes et la réponse sur le terrain est parfaite. Le rugby, ça reste un jeu mais la dimension de plaisir sous-entend la concentration, l’abnégation et la détermination. Je crois que les joueurs se sont bien amusés. » Ils ont aussi beaucoup rêvé à d’autres Marseillaises, à ce frisson et cette ivresse des grands soirs internationaux.


Un article de Nicolas Augot, envoyé spécial Midi-Olympique.

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