NOVÈS, PREMIÈRE
PAR Les Barbarians
Le 15 Novembre 2016
BARBARIANS - AUSTRALIE EN 2005 À BORDEAUX
Joueur, il n'avait jamais porté le maillot des Baa-Baas et le regrettait un peu. Mais être nommé entraîneur de l’équipe des Barbarians affrontant la relève des Wallabies à Bordeaux, voilà qui remplissait Guy Novès d’un grand bonheur. « C’était pour moi une forme de reconnaissance d’un milieu qui n’avait pas pensé à moi lorsque j’étais joueur, avoue l’entraîneur du Stade Toulousain. Mais peut-être n’avais-je pas le niveau... En tout cas, ce fut un grand honneur. Je l’ai pris comme ça ! » Le choix de Novès est une initiative du président des Barbarians, Jean-Pierre Rives, qui veut réparer un oubli et « rendre hommage au travail d’un entraîneur qui a amené le Stade Toulousain à l’altitude que l’on sait. » Pour ce match de gala, Novès, fidèle à ses habitudes, a partagé le moment, et le banc, avec ses adjoints toulousains d’alors, Serge Laïrle et Philippe Rougé-Thomas. « Tout simplement parce qu’aujourd’hui ce n’est plus un entraîneur qui dirige une équipe, mais un staff. »
Pour la petite histoire, Guy Novès, élu meilleur manager européen par l’ERC après la quatrième victoire du Stade Toulousain en Coupe d’Europe (21-19 contre Biarritz, le 22 mai 2010 au Stade de France), a fait graver sur le trophée remis par les dirigeants de l’ERC, les noms de tous ceux qui furent ses adjoints lors des aventures européennes. En choisissant Novès, l’objectif est aussi de « remercier le Stade Toulousain, pour sa contribution, en joueurs en particulier, et son soutien aux Barbarians depuis des années », expliquait l’ancien secrétaire des Baa-Baas, Jean-Pierre Bastiat, ajoutant que le choix d’un entraîneur de club français pour les matches des Barbarians devrait, à l’avenir, devenir une habitude.
S’il a apprécié d’être appelé pour diriger les Baa-Baas, Guy Novès est moins fier de la raclée infligée par les Australiens (12-42). Prendre quarante points, même si son équipe du jour n’a aucun vécu en commun, n’est pas dans ses habitudes. « Sur le terrain, avoue-t-il, ce fut un cauchemar. Mais comment faire autrement lorsque tu ne rencontres tes joueurs que vingt-quatre heures avant le match ? La préparation se limite à un petit échauffement à toucher, une séance de lancers en touche pour répéter deux-trois lancements de jeu, quelques commandements et c’est tout. Tu commences ta séance en faisant semblant de garder un esprit barbarian et le peu de temps qu’il te reste, tu cherches à nouer un fil conducteur. Finalement, ce qui compte, c’est l’état d’esprit. Cela dit, prendre 40 points, c’est un cauchemar. Quand ils ont fait appel à moi, les dirigeants des Baa-Baas pensaient peut-être que j’allais accomplir des miracles. Mais je ne pouvais rien faire de magique en vingt-quatre heures… »
LA GUÉGUERRE DU PACIFIQUE
Le match fut âpre. Le pack des Barbarians, solidaire, généreux dans l’effort et agressif, posa bien des problèmes aux Wallabies. Mais dominés devant, les jeunes Australiens compensèrent par un replacement incessant et un soutien offensif ouvrant de larges brèches dans la défense des trois-quarts des Baa-Baas. Ashley-Cooper, Johansson, loane, puis Matt Rogers s’en donnèrent à cœur joie.
Belle consolation, les Barbarians inscrivirent deux essais d’école aux Australiens après des pénaltouches, les deux par le talonneur de Biarritz, Benoît August (19e et 36e). Associé aux piliers de Castres, le All Black Kees Meeuws et l'espoir Yannick Forestier, August donna du fil à retordre à ses adversaires australiens. Et découvrit que Néo-Zélandais et Australiens s'aimaient comme chats et chiens. « Je m’en suis rendu compte lorsque, suite au premier regroupement, Meeuws tenait une touffe de cheveux blonds dans sa main… Et ce n’était pas ceux de Mike James ! » Dans le regroupement suivant, Meeuws reçut un autobus jaune et vert dans le buffet et dut quitter prématurément ses camarades baa-baas avec des côtes qui couinaient.
La guéguerre du Pacifique, Jeff Dubois, l’ouvreur du Stade Toulousain, va la percevoir lui aussi. Associé à la légende néo-zélandaise Justin Marshall (81 sélections derrière la mêlée all black entre 1995 et 2005), il se faisait un plaisir de jouer aux côtés d’un joueur ayant disputé plus de 100 matches de Super 4. « Avant la rencontre, je lui avais juste demandé de me mettre le ballon bien devant. Il avait une super passe, mais il s’est embrouillé tout le match avec les Australiens. Il a eu des mots avec quelques-uns... Ce qui m’a surtout marqué, c’est de porter le maillot des Barbarians. J’avais juste joué avec France A, et me retrouver sur la pelouse bordelaise était pour moi un immense honneur. Presque un rêve. Individuellement, on s’était envoyés, mais collectivement, on ne s'était pas trop trouvés. Je me rappelle surtout de Maleli Kunavore, le Fidjien qui venait d’arriver à Toulouse. Il ne parlait pas un mot de français. Associé au Sud-Africain d’Agen Conrad Stoltz, il n'a pas compris une seule de nos annonces... »
Dubois se souvient également des mots prononcés par Guy Novès, dans le vestiaire du stade Chaban-Delmas. « Ses discours, je les entendais à longueur de saison, se marre-t-il. Il nous a parlé de l’esprit barbarian que nous devions entretenir, de l’engagement que nous devions mettre et de... gagner ! Pas étonnant, quand on le connaît. »
BLEU BAA-BAAS
Benoît August, le talonneur du Biarritz Olympique, fait partie du club - pas si fermé que ça puisqu’on y trouve des noms prestigieux (Cabannes, Thomas Castaignède, Cécillon, Charvet, Crenca, De Villiers, Dominici, Élissalde, Marc Lièvremont ou encore Ntamack) - des joueurs ayant porte le maillot bleu des Barbarians avant le bleu du XV de France. Héros de la fête bordelaise avec ses deux essais, August fêtera finalement sa première et unique cape internationale en 2007 contre le pays de Galles, au Stade de France « Moi qui n’avais encore jamais porté le maillot du XV de France, dit-il, jouer une équipe de très haut niveau avec les Barbarians me permettait de démontrer que je pouvais rivaliser avec les meilleurs Bordeaux reste pour moi un super souvenir. »
Article datant de 2010, extrait de « La légende continue… », livre de Francis Deltéral et Gilles Navarro.
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