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NOVEMBRE

Toute l'émotion des Barbarians à Bordeaux
PAR Sud Ouest

Le 26 Novembre 2016

Les Barbarians français ont battu l'Australie (19-11) à Bordeaux jeudi au bout d'un match héroïque. "On se demande comment on a pu créer cet exploit", réagissaient-ils à l'issue d'une rencontre jouée devant 30 000 spectateurs.


Par Nicolas Espitalier et Julien Duby :


Cela fait 16 ans que les Barbarians français, ce club “sur invitation” crée en 1979 autour de l'équipe du Grand Chelem 1977 et soutenu par le mécène Serge Kampf jusqu'à son décès en mars dernier, n'avaient plus battu l'une des trois grandes nations de l'hémisphère Sud (Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud). Le 7 novembre 2000 à Lens, une équipe des « Baa-Baas » avec entre autres Jean-Luc Sadourny, Philippe Bernat-Salles, Jérôme Fillol, Marc et Thomas Lièvremont, Marc Dal Maso, Jeannot Crenca, avait battu les All Blacks de Mils Muliaina et Jerry Collins.


En quatre confrontations, les Barbarians français n'avaient jamais battu l'Australie. C'est chose faite depuis ce jeudi 24 novembre 2016 à Bordeaux. Un moment d'une rare intensité devant un public chauffé à blanc. Voici les réactions des acteurs de ce match.


Thomas Lombard (manager des Barbarians)

"C'est une très grande émotion. Les joueurs ont été époustouflants de courage, de générosité. On se prépare dans des conditions qui sont complètement invraisemblables, on sait que ça peut marcher ponctuellement, et ce soir ça a marché. Je pense qu'il y a quelqu'un là-haut qui est fier de nous (il fait allusion à Serge Kampf, NDLR). Pour nous, c'est grisant. Il faut remercier les clubs, les entraîneurs qui ont mis les joueurs à disposition sans rechigner. Les clubs qui ne l'ont pas fait avaient de bonnes raisons de le faire, mais je crois que des victoires comme celle-là ont du sens par rapport à ça : les Barbarians gagnent aujourd'hui en crédibilité et les clubs vont se dire que s'ils envoient un joueur chez les Barbarians, il ne va pas perdre son temps, il va vivre une aventure humaine, prendre un bol d'oxygène par rapport au quotidien et rencontrer les meilleurs."


Raphaël Lakafia (Stade Français, n°8 et auteur de l'essai de la victoire)

"Quand vous parlez à des mecs qui ont joué avec les Baa-baas, ils vous disent tous que c'est un truc spécial, un truc exceptionnel, et on ne le mesure pas tant qu'on ne l'a pas fait. Il y avait tout un stade avec nous, une ferveur énorme. C'était magique. C'est l'un des événements marquants de ma carrière, il n'y en a pas eu cinquante : je m'en souviendrai à vie. Chaban, c'est un stade qui me réussit. J'ai eu ma première sélection ici (en août 2011 contre l'Irlande en match de préparation à la Coupe du monde, NDLR), l'année du titre avec le Stade Français (en 2015), on était venu y battre Bordeaux et ce soir on bat l'Australie. C'est mon stade préféré !"


Antoine Dupont (Castres, demi de mêlée remplaçant, l'une des révélations de la soirée)

"Je ne sais pas (si j'ai crevé l'écran, NDLR),mais j'ai joué du rugby et j'ai pris du plaisir. J'étais un peu étonné d'être appelé , j'avais un peu d'appréhension et d'excitation d'arriver là avec ces joueurs qu'il y a trois ans encore, je regardais à la télé. C'était énorme, tout, la semaine, le match, tout. C'était super, je vais garder tous ces souvenirs. (Au sujet de la percée sur l'essai de Lakafia) Quand on passe dans l'intervalle, c'est une sensation incomparable. Quand il y a un essai à la fin, que le public se lève, c'est pour des moments comme ça qu'on joue au rugby !"


Yann Lesgourgues (Bordeaux-Bègles, demi de mêlée)

"C'était une soirée exceptionnelle, un match de fou. J'ai rencontré des personnes extraordinaires et j'ai vécu de bonnes émotions. On savait que les Baa-Baas, c'était à part, mais on est allé de surprise en surprise. Le public de Chaban-Delmas a été énorme. La fête est encore plus belle avec la victoire au bout. Il y a eu un moment difficile, le plaquage à retardement que j'ai subi, c'est sûr que le match a été engagé ! On a voulu mettre du rythme et ça a payé."


Jean Monribot (Bayonne, troisième ligne aile)

"On a énormément de fierté. On nous dit qu'être Baa-baas, ça change un homme, et c'est exactement ça. On est arrivés à créer cette cohésion en trois, quatre jours avec zéro plan de jeu et faire un résultat face à l'Australie. On se demande comment on a pu créer cet exploit. En première mi-temps, on voulait marquer un essai, on ne prenait pas les points, et puis à un moment donné, on s'est dit que les Baa-baas, c'était aussi la victoire. On se l'est dit à la mi-temps, on y a cru. Ce sont des choses inexplicables, cette équipe fait rêver parce qu'elle peut créer des exploits juste sur la valeur des hommes , et ça, dans le milieu professionnel, on l'oublie un petit peu quelquefois."


Raphaël Ibanez (Bordeaux-Bègles, l'entraîneur de ces Baa-Baas 2016)

« C'est une vraie réussite, l'engouement a été extraordinaire. Il faut féliciter la capacité du président de l'UBB Laurent Marti, du staff des Barbarians, Max (Guazzini), Denis (Charvet), Lolo Pardo, Thomas Lombard qui, depuis des mois, ont mis sur pied cet événement. Avec les Barbarians il faut s'attendre à tout, on a joué dans l'esprit de ce maillot, de ce club atypique, sans forcément être récompensés au tableau d'affichage. On en a parlé à la mi-temps dans le couloir des vestiaires avec Xavier Garbajosa (La Rochelle, co-entraîneur) et on s'est dit, vu l'engagement des joueurs : ‘‘Maintenant, y a match''. Les gars ont été énormes de courage pour l'emporter, ils ont battu l'Australie, c'est inestimable ! Ça va rester gravé en eux à vie. »


Louis Dupichot (Pau, ailier)

« On s'est battus jusqu'au bout, on a fait preuve de cohésion, de partage, de solidarité. Avant de venir, on m'avait dit que les Barbarians, c'était ça, et je n'ai pas été surpris. C'était du haut niveau, plus haut que du Top 14. Et c'était très intéressant pour moi d'avoir un duel contre l'ailier des Waratahs en face (Taqele Naiyaravoro, 1,94m, 123 kg). Je l'avais déjà affronté quand il jouait à Glasgow et j'avais été en difficulté, et là, j'ai vu que j'avais progressé. »


Félix Lambey (Lyon, deuxième ligne, qui a fait forte impression)

« On a beaucoup couru, mais le terrain est un peu gras et on a dû beaucoup se retrouver devant, sur les mêlées, sur les mauls. Les conditions l'exigeaient : il y a eu quelques accrochages, on n'était pas là pour se faire marcher dessus. Quand on joue dans une sélection comme les Baa-Baas, on se doit de donner le maximum, on s'est tous envoyés comme des ânes. On est mâchés, ce soir ! »


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