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03


NOVEMBRE

L’ANNIVERSAIRE DE GALTHIÉ
PAR La Légende Continue

Le 03 Novembre 2016

Il aura fallu quelques coups de téléphone de Serge Blanco, tenace en bon Basque qu’il est, pour le persuader. Pourtant, Fabien Galthié s’était juré de ne plus rechausser les crampons. Depuis le 16 novembre 2003, et la demi-finale de Coupe du monde perdue face aux Anglais (7-24), à Sydney qui lui avait fait prendre sa retraite de joueur, l’ancien capitaine des Bleus avait tenu bon. Même lorsque le Stade Français, qu’il entraînait alors, avait dû faire face à une avalanche de blessures quelques semaines auparavant, il n’avait pas craqué, restant sur le bord du terrain à diriger son équipe. Et pourtant, à trente-cinq ans et 64 sélections à son compteur international, le démon du jeu ne l’avait pas quitté. Mais il s’était juré qu’il ne rejouerait plus. Et il avait tenu parole... Jusqu’au coup de téléphone de Serge Blanco.


« Pourquoi j’ai accepté ? Je ne sais pas. En fait, Serge Blanco m’a appelé le mardi précédent la rencontre et m’a demandé de jouer derrière la mêlée des Barbarians contre l’Australie A. Je lui ai répondu que non, que je n’étais pas prêt et que je n’y avais même pas pensé. »


Malin, le président de la Ligue de l’époque, insiste poliment. « Réfléchis, lui dit-il, je te rappelle demain. » Le jour suivant, la réponse de Galthié reste la même : « Non ! » Denis Charvet, manager des Barbarians, donne sa version de l'anecdote : « Nous étions dans l'embarras pour trouver un demi de mêlée, explique-t-il. Mais quand Serge m’a parlé de Fabien, j’ai rigolé, persuadé que l'affaire n’aboutirait jamais. Une heure plus tard, il me rappelle. “Il a le ver dans la tête, rigolait Serge. J’ai alors misé 100 euros que la réponse serait négative. »


Mais Blanco persiste, insiste. Et Galthié finit par céder : « Allez, oui, c’est bon je jouerai... J’ai été harcelé mais une telle sélection, au fond, ne se refuse pas. »


Il rechaussera les crampons un an jour pour jour après la demi-finale perdue de Sydney. Et Charvet perdra son pari. « Depuis le jeudi, jour où j’ai accepté, jusqu’au lundi après-midi, lorsque je me suis entraîné à la Faisanderie, terrain d’entraînement du Stade Français dans le bois de Saint-Cloud, j’ai regretté ma décision. Je n’ai pas bien dormi. Ma femme m’avait induit en erreur en me poussant à accepter. Mais elle me répétait de me faire plaisir. Alors... »


GALTHIÉ : « LES AUSTRALIENS, VONT-ILS JOUER À TOUCHER ? »


Alors Fabien Galthié aménagea son programme de début de semaine avec le Stade Français, signa à la hâte sa licence d’amateur au club, au cas où... Il aurait eu la malchance de se blesser. « Oui c’est vrai, avoue-t-il sur le ton de la plaisanterie, la blessure j’y ai pensé, mais il n’y avait pas que ça. J’ai pris le risque. Depuis un an, je n’avais pas fait d’entraînement physique. Juste des parties à toucher avec les joueurs du Stade Français. Mais est-ce que les Australiens allaient jouer à toucher eux aussi ? Le lundi, lors du dernier entraînement, je me suis senti comme un gamin. Et le mardi soir sur le terrain, j ai pris un immense plaisir. »


Galthié se souvient encore qu’avant la rencontre, Greg Townsend, l’international écossais de Montpellier avec qui il devait former la charnière des Barbarians, est venu lui demander : « C’est vrai que tu n’as pas joué depuis un an ? Je n’ai pas su s’il se faisait du souci pour moi ou si je l’avais impressionné par ma fraîcheur physique à l’échauffement... »


Pour Galthié, cet anniversaire d’un genre un peu particulier est tout un symbole. L’ancien capitaine de I’équipe de France avait déjà joué avec les Barbarians, contre I Australie justement (26-43), en 1993 à Clermont-Ferrand. « Ce jour-là, j’avais remplacé Nick Farr-Jones, capitaine des Australiens champions du monde en 1991. Farr-Jones, c’était le demi de mêlée de référence. Onze ans plus tard j’étais heureux, tout simplement. Heureux de disputer un match hors du temps, un truc anachronique. Heureux de retrouver des gars que je ne connaissais pas bien comme Goutta ou Lubbe, ou d’autres que je connaissais très bien comme Philippe Bernat-Salles. C’est ça, l’esprit des Barbarians. On touche à l’essence même du rugby, à son éthique. »


Le seul privilège qu’il refusera sera le port du brassard de capitaine, revenu au Catalan Bernard Goutta. Une belle reconnaissance pour le troisième ligne aile de l’USAP. « Porter le maillot des Barbarians était pour moi un rêve de gamin, explique Goutta. Par rapport aux valeurs véhiculées par cette équipe, l’ambiance régnant dans le vestiaire. Sur le terrain, le match avait été très dur. Il faut dire que deux jours auparavant, on avait joué un match très difficile de championnat, contre Béziers (victoire de l’USAP 33-24, assortie de deux cartons rouges et trois jaunes) et la majorité des gars n'avait pas eu le temps de bien récupérer. On avait tenu une mi-temps avant de craquer en fin de rencontre. »


Le tournant du match, en fait, fut le carton jaune infligé au numéro huit lyonnais Philippe Delannoy, juste après que Townsend eut égalisé pour les Barbarians (10-10, 50e). « Ensuite, se souvient Goutta, on a craqué physiquement. On a encaissé deux essais en infériorité numérique. Et on a pris trente points en une demi-heure. On a explosé comme du pop-corn. »


Au coup de sifflet final, les Australiens, battus par les Français le week-end précédent (14-27), ont largement dominé les Barbarians. Mais Fabien Galthié est sorti de là heureux comme un môme. « Ce fut un match sérieux, pas du genre gigot-haricots. C’était un immense privilège d’être sur le terrain ! »


UN BARBARIAN’S DAY


Malgré les forfaits de dernière minute de Caucaunibuca ou Dallaglio, blessé à un doigt le week-end précédent, les Barbarians présentent un joli casting devant les caméras d’Eurosport. Une gageure en pleine semaine, dans un calendrier surchargé, entre deux journées de championnat et deux séries de matches internationaux. Les clubs rechignent à libérer leurs joueurs. « Aujourd’hui, l’équipe existe grâce à certains présidents comme Max Guazzini (Ex Stade Français) ou Pierre-Yves Revol (Castres). Mais la plupart refusent de lâcher leurs joueurs et c’est dommage, regrette Jean- Pierre Rives, président des Barbarians français. La survie des Barbarians, y compris britanniques, passe par l’acceptation par les instances internationales d'un « Barbarian’s Day ».


Cette idée de dédier un jour du calendrier international aux Barbarians devait être défendue par l’ancien président de la Fédération française de rugby, Bernard Lapasset, devenu président de l’International Board.


Article datant de 2010, extrait de « La légende continue… », livre de Francis Deltéral et Gilles Navarro.


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