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04


JUILLET

La griffe Baa-Baas
PAR Sud Ouest

Le 04 Juillet 2017

En marge des Bleus, les Baa-Baas se mesuraient à la réserve des Springboks, eux qui entretiennent une autre façon de vivre le rugby. Un peu décalée et bien plus décontractée…


Par Frédéric Cormary pour Sud-Ouest


Un bon Baa-baas se reconnaît à deux éléments essentiels : il a toujours une chaussette de son club d’origine dans son sac, et une bière dans la main gauche. La droite reste libre pour en attraper une seconde. Le rituel est immuable depuis qu’ils ont posé les pieds sur le sol sud-africain lundi dernier. Les Barbarians se retrouvent tous les soirs au bar du Maharani, leur hôtel grand luxe en bordure d’Océan Indien à Durban. « Ce n’est pas l’apéro l’important. On se réunit certes pour boire une bière, mais surtout pour vivre ensemble », insiste Denis Charvet, l’ancien centre au noeud papillon rose du Racing 92 version show-biz, directeur sportif de cette sélection pas comme les autres.


Nés du modèle britannique à l’initiative de Jean-Pierre Rives pour prolonger l’aventure des vainqueurs du Grand Chelem 1977 (avec le même quinze de départ), les Barbarians ont une réputation à tenir. « Les Baa-baas, c’est un état d’esprit qui perdure depuis 37 ans maintenant, confirme Denis Charvet. C’est une façon de vivre, une élégance de joueurs mais aussi d’hommes, une attitude avant tout. C’est difficilement explicable et en même temps tout le monde le comprend. Tous les joueurs qui nous rejoignent savent déjà ce que c’est que d’être Barbarians. C’est assez curieux et paradoxal, c’est comme ça. C’est un peu le Bon Dieu dans une église ».


Barbecue, golf et requins


Parce que les Barbarians sont d’abord des joueurs de rugby, ce fameux « esprit Baa-Baas » se traduit en premier sur le terrain. « On a des entraînements un peu à la carte le matin, prévient le pilier Palois Malik Hamadache. On commence toujours par un toucher, ce qui nous met directement dans le jus. C’est sûr que c’est un peu moins strict par rapport à ce que l’on peut connaître en club ». Jacques Delmas, entraîneur sur cette Tournée avec Pierre Mignoni et Heini Adams, confirme : « On n’a pas besoin d’autorité, on essaie d’aller à l’essentiel pour avoir des repères communs en trois entraînements. On n’est pas venus là pour faire les guignols ». Un peu quand même…


L’après-midi, c’est quartier libre, en respectant quelques consignes de sécurité propre au pays. En « locaux de l’étape » après avoir porté le maillot des Sharks, Frédéric Michalak et Clément Poitrenaud jouent les guides touristiques pour faire découvrir notamment les installations du Kings Park, la cage aux requins. La vraie. Pas celle où se sont aventurés notamment Flanquart, Bonfils et Erbani. Un entraînement dans une école au lendemain d’une soirée au Casino, un repas au restaurant du légendaire Hohn Smit avant une réception plus formelle à l’Alliance française avec l’ambassadeur, les Baa-Baas ont aussi pu croiser les Bleus lors de leur journée de repos à Umhlanga, la cité balnéaire au nord de Durban où Poitrenaud a un 110 m2. Et la récupération d’après-match ? Un barbecue autour du stade suivi d’un golf au milieu des singes et des impalas.


« Des hommes libres »


La photo d’équipe officielle, pieds nus et dos à la plage, résume à elle seule cet esprit Baa-Baas. « Ce n’est pas une façon d’être là en dilettante, mais d’être libre et responsable, assure Denis Charvet. Être des hommes libres, c’est aussi bien se comporter, avoir une belle attitude en étant généreux. Ce sont des grands garçons, je ne suis surtout pas là pour faire le gendarme. Mais cette magie de la liberté qu’on s’octroie durant une Tournée ne pourrait pas durer toute l’année ». Avec les Barbarians, pas besoin de se cacher pour se griller une cigarette. Le polo officiel de rigueur pour les sorties, mais avec short et claquettes bien sûr. « Il y a un esprit Sud-Ouest chez les Baa-Baas », souligne le troisième ligne de l’UBB Marco Tauleigne. D’autant plus cette fois avec 8 joueurs sur 26 et Heini Adams dans le staff.


« L’esprit Baa-Baas, c’est être sérieux sans trop se prendre au sérieux, résumé Frédéric Michalak. C’est retrouver une bande de copains, aller s’entraîner, boire un coup, puis jouer un match. » Ce qu’ils ont fait au Moses Mabhida Stadium de Durban où ils ont tenu tête à la réserve des Springboks (36-28), après avoir battu les Australiens (19-11) en novembre à Bordeaux. Mais dès le coup de sifflet final, le vestiaire est grand ouvert pour partager le discours de chaque nouveau capé. Une autre façon de vivre une Tournée, sans séance de musculation ou de vidéo, pour des garçons parfois dissipés, à l’image de leur chant après le second test perdu par les Bleus, mais qui savent redevenir sérieux quand ils enfilent les crampons.


En quittant Durban, les Barbarians se préparaient à une semaine plus « culturelle » avec la visite du lycée français de Johannesburg et des Townships de Prétoria et Soweto. C’est aussi ça l’esprit Baa-Baas. Ils ont ensuite eu droit à une revanche à l’Orlando Stadium de Johannesburg (défaite 48-28). Sans pression. Elle n’est servie qu’au comptoir pour les Barbarians.



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