Et Capo Ortega a pris la parole à la mi-temps. Le deuxième-ligne de Castres a senti que l'exploit était à portée de main, ou plutôt de pied. Après s’être cassé les dents sur un mur jaune en relançant tous les ballons disponibles, l'expérimenté Uruguayen a simplement dit à ses coéquipiers du jour qu'il fallait maintenant gagner ce match, qu'il était impossible de galvauder cette séquence défensive héroïque dans les dernières minutes de la première période. Plus question de se lancer dans une quête effrénée de jeu et de longues passes. Il fallait changer de stratégie, resserrer les débats, et prendre tous les points qui se présentaient. L'occasion d’offrir un succès de prestige aux Barbarians était trop belle, eux qui n’avaient plus battu une nation majeure de l’hémisphère sud depuis seize ans.

La magie a besoin de succès pour exister, pour continuer d’émerveiller petits et grands. Et la magie était en train d’opérer dans un stade Chaban-Delmas chauffé à blanc par les 30 000 spectateurs présents. Cette même magie, voire folie, qui arrachait quelques larmes à Raphaël Ibanez au coup de sifflet final. Certaines anciennes gloires des Barbarians ont certainement mangé leur cravate quand ils ont vu Julien Dumora s'avancer pour tenter et réussir trois pénalités, mais chercher la victoire par tous les moyens était certainement le plus bel hommage à rendre à Serge Kampf. « Ce résultat nous permet de gagner en crédibilité », se réjouissait de son côté Thomas Lombard qui vivait son premier match en tant que dirigeant des Barbarians. « Tout d'abord sur la scène internationale, car nous montrons que l'on peut présenter une opposition solide même face aux meilleures équipes mondiales, mais surtout par rapport aux clubs du Top 14 qui nous laissent leurs joueurs. Bien sûr, la préparation est particulière chez nous, mais les entraîneurs peuvent voir que les joueurs ne perdent pas leur temps. »

DUPONT CRÈVE L’ÉCRAN

Mieux ce rendez-vous bordelais a confirmé que porter le maillot des Barbarians pouvait être une étape importante dans la carrière d'un jeune joueur. Le Castrais Antoine Dupont a démontré qu’il était prêt pour voir plus haut que le Top 14. « C'est dommage, car on ne reverra plus Antoine avec les Barbarians », en plaisantaient plusieurs joueurs beaucoup plus expérimentés au moment de savourer la (première) bière de la victoire. Le demi de mêlée du CO a certainement été la révélation la plus frappante de la soirée, d'autant plus qu'il a été à l'initiative du seul essai des Barbarians inscrit par Raphaël Lakafia. Un essai exceptionnel qui portait le sceau des Baa-Baas, permettant ainsi à tous les anciens de réajuster leurs cravates pour savourer ce succès. Le deuxième ligne de Lyon Félix Lambey a aussi été félicité chaleureusement par ses coéquipiers après une prestation exceptionnelle, L'ailier de la Section paloise, Louis Dupichot a aussi remporté son face-à-face à Taqele Naiyaravoro dont le poids varie entre 115 et 124 kg selon les sources.

Des jeunes qui ont tenu leur rang, mais surtout un collectif qui a démontré une vraie solidarité jusque tard dans la nuit bordelaise, emmené sur le terrain par un Lucas Pointud à la pointe du combat, mais aussi par la générosité de la paire de centre Rougerie- Aguillon pour plaquer des Wallabies à tour de bras. Du cœur, du cœur, du pied et dupont, voici les éléments du tour de magie réalisé par les Barbarians.

Article de Nicolas AUGOT, envoyé spécial de Midi-Olympique. Mail : nicolas.augot@midi-olympique.fr