Le Haka... Maté !
PAR Les Barbarians
Le 16 Novembre 2017
Défi : Les Baabaas ont créé la sensation en s'avançant et en défiant les Maoris pendant le Haka. Et ce n'était pas forcément prévu...
La clameur est montée dans les tribunes de Chaban. Alors que les Maoris All Blacks exécutaient leur haka devant 30 000 spectateurs fascinés, les Barbarians se sont avancés vers eux. Ces gamins de 18, 19 ou 20 ans ont marché vers les Blacks puis, regard fier et tête haute, les ont défiés vingt secondes durant alors que le chant était terminé. Les yeux dans les yeux, le cœur à cent à l’heure. Forçant les Néo-Zélandais à céder les premiers. On le savait déjà avant le coup d’envoi : ces Baabaas n’allaient pas se laisser impressionner, même s’il s’agissait du premier match international de la plupart d’entre eux.
Ce n’est pas la première fois qu’une équipe affronte ainsi un Haka. Mais celle-là, avec ses 24 ans de moyenne d’âge et ses quatre minuscules jours de travail commun, a eu un sacré culot de le faire. D’autant que ce n’était pas prémédité. Enfin, pas totalement. « On avait quand même prévu un petit truc, livre Thomas Lombard. Bernard Goutta avait identifié que les Maoris ne s’enlevaient pas à la fin de leur Haka et restaient à fixer leurs adversaires. Alors il s’est dit qu’on allait mettre Roro, « le platane » au milieu, et que les joueurs allaient eux aussi les fixer sans bouger. Et ce sont les Néo-Zélandais qui ont baissé la garde en premier. »
LA SURPRISE DE ROUGERIE
Ce qui n’était pas prévu, en revanche, c’était d’avancer ainsi, en ligne, pendant le haka. L’initiative, on vous le donne dans le mille, vient du capitaine Aurélien Rougerie : « Je ne voulais pas prévenir les joueurs que j’allais le faire parce que ça n’aurait plus été naturel, témoigne l’ancien international, qui l’avait déjà fait sous le maillot du XV de France. On était là pour combattre alors il fallait montrer qu’on allait faire front et ne pas s’en aller en courant. L’idée n’était pas du tout de manquer de respect aux Néo-Zélandais mais au contraire de leur faire face. » Message reçu à 100 % par leurs adversaires : « Notre haka, qui s’intitule «Te Timatanga » (« Le commencement » en français), parle de l’origine du monde, du peuple maori et du fait d’accomplir de grandes choses en équipe. Nous avons apprécié la réponse des Français, assure le talonneur et capitaine de l’équipe, Ash Dixon. Les équipes sont toujours libres de répondre et c’est bien qu’elles le fassent. Le haka est un défi et nous avons bien senti que les Barbarians étaient prêts à le relever. C’était un moment fort. »
Surpris par l’initiative de leur capitaine, les Baabaas n’ont pas une seule seconde hésité à le suivre : « Aurélien a été notre guide durant toute la semaine, on ne pouvait pas le laisser avancer tout seul », s’exclame le pilier Sébastien Taofifenua, qui se tenait juste à côté du Clermontois pendant le haka. Le centre Pierre Aguillon renchérit : « Roro l’a senti comme ça et tout le monde est allé dans son sillage, c’est bien. On a créé une équipe en quatre jours, c’est ça qui est beau. » Pour tout vous dire, les joueurs n’étaient pas si fiers alors qu’ils s’avançaient vers l’impressionnante danse de leurs adversaires : « On a suivi mais on se disait qu’il n’allait pas falloir passer pour des cons derrière », reconnaît Sébastien Taofifenua. « C’est ce que je me suis dit à la fin : C’est bien joli d’avoir fait avancer tout le monde mais il va falloir s’y filer maintenant ! », se marrait Rougerie à la sortie des vestiaires. Ses coéquipiers s’y sont filés, oui. Ils ont même gagné le match.
Par Emilie Dudon, envoyée spéciale Midi-Olympique