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NOVEMBRE

Pierre Aguillon est-il sous-côté ?
PAR Midi Olympique

Le 20 Novembre 2017


Excellent face à des joueurs confirmés du Super Rugby, irréprochable dans l’attitude et résolument tourné vers les autres, le Rochelais ne mériterait-il pas sa chance avec le XV de France ? Pour nous, oui. Mais pas forcément pour lui…


Son nom n’est certainement pas aussi « bankable » que celui de Sonny Bill Williams ou même celui de Wesley Fofana, pour choisir l’un de ses concurrents directs. Ses vidéos ne comptent sûrement pas autant de vues que celles de Ma’a Nonu ou de Mathieu Bastareaud. Mais est-ce que ces atours superficiels font un excellent rugbyman ? Non. Un simple coup d’œil à la riche carrière de Pierre Aguillon, 30 ans, suffit de choisir l’adjectif qui lui convient le mieux : incontournable. C’est bien simple, depuis la saison 2008 où il s’est révélé (c’était sa quatrième à Auch), il a été indispensable partout où il est allé. À Auch donc (Top 16, Pro D2, puis Top 14), à Grenoble (Pro D2), à Carcassonne (Pro D2), puis à Oyonnax en Top 14 et aujourd’hui à La Rochelle. Une « montée en gamme » sur le standing des clubs qui n’a pas entamé l’immense temps de jeu que le Gersois a désormais l’habitude de digérer chaque année.


Ces deux dernières années, Pierre Aguillon s’est encore imposé dans une nouvelle équipe, celle des Barbarians français, désormais reconnus pour être l’antichambre du XV de France. Déjà retenu une première fois, Aguillon a pourtant cru que son aventure avec la sélection était finie : « Je l’espérais tellement cette deuxième convocation… La saison dernière, mon carton rouge (contre Toulon en demi-finale) m’avait privé de la tournée d’été… cette privation avait été une grosse blessure pour moi. Je voulais absolument revenir, surtout pour affronter les Blacks et… retrouver Roro au centre ! Cela s’était tellement bien passé avec lui… »


L’UN DES GARDIENS DU TEMPLE


« Roro », c’est Aurélien Rougerie, admirable dans son rôle de capitaine. Et les mots de l’emblématique Clermontois suffisent à dire son admiration : « Avec Pierre, les choses sont très faciles. On s’est trouvés dès lundi soir : à 18 heures pétantes, à l’apéro ! J’étais ravi de pouvoir m’appuyer sur lui et sur Alexandre Flanquart cette semaine. Ce sont des garçons qui ont un peu plus de bouteille que les autres et qui m’ont aidé à amener les jeunes. Je ne taris pas d’éloges sur lui parce que c’est vraiment un bon mec. Il a l’esprit Baabaas mais il aurait les capacités pour aller plus haut. » Comprenez-là que pour son coéquipier aux 76 sélections, il mériterait que Guy Novès lui offre une vraie chance, et pas qu’une simple convocation à un stage de préparation en juin dernier. N’importe quelle ligne d’attaque du monde a besoin d’un joueur de son profil : un type râblé, dense, sur qui on peut toujours compter pour punir les attaquants adverses à chaque fois qu’ils s’approchent un peu trop. Un profil à la Florian Fritz, David Marty ou encore Richard Dourthe. Rougerie encore : « Il faut le reconnaître… Pierrot est un peu souscoté. Au-delà de ses qualités rugbystiques, c’est un très bon mec que j’apprécie énormément. À lui de le prouver, même si l’on sait qu’une carrière se joue parfois à peu de chose. » La carrière, justement. On approche de la réponse à notre question en titre, et l’on avance une hypothèse : si Aguillon est sous-coté, c’est parce qu’il n’est pas carriériste. Pour lui, l’équipe des Baabaas n’est pas un moyen à sa réussite personnelle : « Tout le monde dit que cette équipe est devenue l’antichambre du XV de France… mais nous, en tant qu’anciens, on a vraiment pensé à préserver l’esprit de cette équipe, à parler de plaisir sur le terrain. Ici, on crée une équipe en quatre jours. Et dans ces conditions, l’apéro compte ! Il faut garder cela. Les Barbarians, c’est une bulle d’air dans une saison de Top 14 où l’on est constamment sous pression. C’est précieux. » Plus précieux que son ambition personnelle, en tout cas.


Alors quand on l’interroge sur le XV de France, Pierre Aguillon botte pour une fois en touche : « Non, je ne pensais pas à l’autre équipe de France. J’en suis loin… il y a tellement de bons centres en France… » Ce qui nous ramène à notre question initiale : « Suis-je sous-coté ? » Le Rochelais pousse un éclat de rire gêné et se frotte la nuque pour baisser le regard : « Je n’en sais rien… Comme je vous l’ai déjà dit, il y a de très bons centres en France. Si un jour cela vient, j’irai avec grand plaisir. En attendant, cette victoire vaut toutes les victoires du monde. On a battu les Blacks, point. Certains diront que c’est leur équipe 3. Nous, on est peut-être l’équipe 4 de l’équipe de France puisqu’il y a eu 50 000 blessés et qu’on n’a pas été appelé mais on s’en fout, c’est un match international. »


Par Simon Valzer pour Midi-Olympique

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