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MAI

Pierre Mignoni : « La tournée des Baa-Baas, avant tout un défi humain »
PAR Les Barbarians

Le 24 Mai 2017

Le Toulonnais Pierre Mignoni, ancien demi de mêlée et international français, a disputé deux matchs sous les couleurs des Barbarians au cours de sa carrière. Reconverti manager à succès au LOU, après une première expérience au RC Toulon, le voilà nommé entraîneur de la sélection « Baa-Baas » qui ira affronter par deux fois l’Afrique du Sud sur leurs terres… Pour notre site, il confie sa hâte d’y être.


Vous avez disputé votre premier match avec les Barbarians, en 2000, face à la Nouvelle-Zélande. Quels souvenirs en gardez-vous ?


J’en garde un souvenir incroyable ! C’est toujours beaucoup d’émotions de partager des moments avec un groupe dans ces conditions-là. Alors en plus, jouer la Nouvelle-Zélande… Pour les battre ! Quand on est un jeune joueur comme je pouvais l’être, c’est vraiment quelque chose. Je me souviens d’une belle équipe des Barbarians, avec Marc Dal Maso, Pieter de Villiers, Jean-Luc Sadourny et Philippe Bernat-Salles, pour ne citer qu’eux, avec une « guest star », Diego Dominguez (rires). Cela reste comme de l’un des grands moments de ma carrière de joueur.


Avec vous vécu le deuxième test, en 2014 face à la Namibie, différemment ?


J’étais en fin de carrière, j’ai donc vécu la chose de manière moins « innocente » que lors du match face aux All-Blacks. Mais cela reste aussi un bon souvenir. Ce qui te marque, quand tu arrives chez les Barbarians, c’est le côté décalé : on te sort de la routine habituelle, sérieuse, celle du championnat, on oublie un instant la compétitivité. En quelques jours tu crées des liens forts avec des mecs que tu ne connaissais pas du tout, c’est très spécial. Je crois que c’est grâce à cela que les Barbarians réalisent des choses assez surprenantes.


C’est en effet une de leurs spécificités…


C’est ça, il ne se passe rien, ou presque, aux entraînements, quand tu n’es pas sur la plage, tu vois deux ou trois gestes, à peine. Tout se passe pendant le match. Avant, rien n’est sérieux, et brusquement, tout le devient. Les hommes soudés se surpassent toujours ! Certes, tu n’as pas les automatismes qu’ont les autres équipes, mais tu arrives bien souvent à les battre. C’est inexplicable et à la foi représentatif de la beauté de notre sport. Cette volonté, cette abnégation, cette envie de faire quelque chose de beau ensemble m’ont vraiment marqué en tant que joueur, mais aussi en tant qu’homme. C’est aussi une histoire de dignité: il faut rendre la confiance de ceux qui t’ont fait l’honneur de porter ce glorieux maillot.


Comment avez-vous accueilli votre nomination pour la tournée d’été en Afrique du Sud ?


Denis Charvet m’a appelé pour m’annoncer la nouvelle. Il m’a dit : « Pierre, je veux que ce soit toi qui prennes en charge les Barbarians ». J’étais très fier, tout le monde n’a pas la possibilité de diriger cette équipe-là. Je suis encore un jeune entraîneur - si ce n’est le plus jeune du Top 14 - et partir quinze jours avec les Baa-Baas en Afrique du Sud, quelle opportunité fantastique ! Ce sont deux tests match, c’est comme ça que je le vois. Il va falloir gagner ! Deux affrontements contre l’Afrique du Sud, rendez-vous compte… Nous serons moins exigeants avec les joueurs qu’en club, c’est une évidence, mais le jour du match nous le serons tout autant. Vous pouvez compter sur moi.


Et le fait d’entraîner aux côtés de Jacques Delmas, que vous connaissez particulièrement bien ?


Jacques… Depuis notre expérience commune à Toulon, je le respecte beaucoup et le considère comme un ami. Quand Denis m’a dit que Jacques m’accompagnerait, j’étais absolument ravi. À vrai dire, je crois qu’il a encore plus l’esprit Barbarians que moi !


Votre capitaine sera Frédéric Michalak, votre joueur au LOU, qui confiait sa fierté à Midi-Olympique la semaine dernière…


C’est super pour lui. Ce n’est pas moi qui l’ai décidé, je tenais à le préciser, c’est Denis Charvet. Fred n’avait encore jamais joué avec cette équipe et je pense qu’il le mérite particulièrement. Il est en fin de carrière, il lui reste un an à jouer, je le vois comme une belle récompense pour tout ce qu'il a accompli. Il le mérite amplement, car c’est quelqu’un qui apporte au quotidien par son naturel, sa gentillesse. Et pour le côtoyer tous les jours, je peux vous dire qu’il a encore quelques beaux restes ! (Rires)


Vous rappelez-vous de vos affrontements en Afrique du Sud avec l’équipe de France ? Est-ce possible de les battre sur leurs terres ?


Je me souviens de les avoir défiés quelquefois chez eux… Nous avons souvent perdu, mais aussi gagné. Je me rappelle d’un match disputé avec Pieter de Villiers, un moment très fort, très symbolique pour lui. Nous avions vécu des choses incroyables avec Bernard Laporte entraîneur. Quand tu bats cette équipe chez elle, les gens te respectent, ce public est fin connaisseur… C’est faisable, mais il va falloir nous surpasser. Aller défier les Springboxs chez eux, ce sont toujours des moments marquants.


En résumé, qu’attendez-vous de ces quinze jours « Baa-baas » ?


J’attends du sérieux sans jamais se prendre au sérieux. De la dérision, de l’humour au quotidien. Ainsi que beaucoup de plaisir, c’est le plus important ! Le jour du match, nous mettrons l’armure et partirons au combat… Cette tournée des Baa-Baas, c’est avant tout un défi humain. Il me tarde vraiment d’en être.


G.V

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