Du haut de ses vingt ans, il a su mettre les Barbarians dans l’avancée.

Chaban-Delmas est-il un terrain béni pour les demis de mêlée ? La question n’est peut-être pas si saugrenue. Le public bordelais est déjà bien servi avec Baptiste Serin et Yann Lesgourgues, les garants du poste à l’UBB, mais il avait aussi eu droit à une prestation exceptionnelle d’Antoine Dupont avec les Barbarians face à l’Australie à l’automne 2016. Cette année, c’est le Lyonnais Baptiste Couilloud qui a crevé l’écran, avec notamment plusieurs percées en première période. Des courses folles qui ont galvanisé toute son équipe mais aussi un stade prêt à vibrer à un nouvel exploit des Barbarians. Au moment de quitter Chaban-Delmas, le jeune joueur de 20 ans avait encore des étoiles dans les yeux : « C’était un magnifique moment, un très beau match engagé et tendu. Toute la semaine, nous nous sommes posé la question de savoir quel était notre plus beau souvenir de rugby. Je crois que ce soir j’ai la réponse, c'est le plus beau jusqu’à présent car nous avons passé une semaine merveilleuse, sans pression et nous avons oublié la difficulté de notre championnat. C’est vraiment magnifique de pouvoir revenir aux bases du rugby. On en a profité et nous avons créé un groupe en quatre jours c’est incroyable. » Une semaine folle à l’image de son début de saison où il a déjà été titularisé plus de fois que sur l’ensemble de la saison dernière en Top 14, et son influence sur le jeu du Lou, qui caracole en tête du championnat, ne cesse de croître.

NE PAS GRILLER LES ÉTAPES

Une ascension fulgurante mais Baptiste Couilloud veut garder les pieds sur terre : « Je suis le premier surpris. Je suis très heureux d’avoir pu participer à une telle tournée. Je suis un privilégié aujourd’hui mais je suis très bien encadré, que ce soit dans mon club à Lyon, mais aussi par mes parents, ma famille. Je peux évoluer sereinement sur le plan physique et sur le plan mental. C’est très bien ce qui m’arrive. À moi de ne pas faire n’importe quoi et de rester lucide sur mes qualités et mes capacités. »

Une première au niveau international qui laisse penser que Couilloud a les qualités pour connaître le même destin que Dupont, même s’il ne veut pas griller les étapes : « Les demis de mêlée en place en équipe de France sont très performants Je peux me souhaiter qu’un jour mon heure viendra, mais je sais que ce n’est pas encore maintenant car j’ai encore beaucoup d’axes de progression. Mais je ne vais pas le cacher, j’espère qu’un jour je pourrais batailler et prétendre à une sélection mais je sais que la route est encore longue. » Mais Baptiste Couilloud va vite, très vite...

Par Nicolas Augot, envoyé spécial Midi-Olympique

Réactions d'après-match :

Bernard Laporte, Président de la FFR : « La relève est là »

Ce résultat fait plaisir, c’est intéressant pour l’avenir. Certains jeunes ont montré qu’il faudrait compter sur eux, c’est tout ce qu’on pouvait leur souhaiter. Ce genre de matchs sert à ça : à montrer au sélectionneur qu’ils ont la capacité à évoluer à un niveau au-dessus. Ça veut dire que la relève est là. Maintenant, il faut que la grande équipe de France gagne parce qu’elle est la vitrine de notre sport. Si on veut inciter un maximum de jeunes à jouer au rugby, il faut qu’elle soit victorieuse, qu’elle plaise et qu’elle soit belle.

Mathieu Babillot, Troisième ligne de Castres : « Je le souhaite à tout jeune joueur »

Devenir Barbarian, c’est quelque chose d’énorme. Je le souhaite sincèrement à tout jeune joueur. C’est spécial, c’est une famille, un truc qu’il faut vivre pour comprendre. C’est quelque chose que l’on se transmet entre les générations. On revient sur l’humain, sans pression de gagner qu’on a chaque semaine. Là, on se rapproche très vite, on se dévoile, on se livre... Je garderai cette semaine avec moi toute ma vie.

Mahamadou Diaby, troisième ligne de l'Union Bordeaux-Bègles : « Mis notre timidité de côté »

C’est une super victoire qui conclut une superbe semaine. C’est une expérience unique de pouvoir côtoyer tous ces joueurs du Top 14. L’ambiance était énorme. Chaban, c’est toujours chaud, mais là c’était encore plus chaud. Il faut que je remercie mon club car Bordeaux tire ses joueurs vers le haut. Les anciens des BaaBaas ont su enclencher les choses. Nous avons mis notre timidité de côté et en quatre jours nous avons réussi à faire une équipe. Ça donne envie de connaî- tre d’autres Marseillaise.

Teddy Iribaren, demi de mêlée du Racing 92 : « Reçus comme des rois »

Revenir aux bases du rugby ça fait du bien. On a bu deux trois canons mais en restant sérieux tout de même. On a pris du plaisir ensemble, et on a été reçu comme des rois. J’ai toujours rêvé de jouer des matchs comme celui-ci et je suis très heureux de repartir avec la victoire.